Feux de la Saint-Roch

Publié le par Stéphane

Immobile devant le feu, je me souviens… Je me souviens d’un petit garçon qui jouait de la flûte, s’appliquant sur sa partition. Limité par l’horizon de son fauteuil roulant, le feu déjà le faisait voyager.
Les flammes jaillissaient du feu crépitant, dans une danse obsédante, les braises rougeoyantes s’envolaient vers le ciel étoilé de juin, avec des envies de voyages, et venaient taquiner les visages.
Ils était tous là, la famille, les amis, tous ceux qui comptent vraiment, tous ceux qui allument en nos cœurs comme une étincelle de joie et d’amitié.
L’espace d’une soirée, le feu leur donnait une âme de poètes, de troubadours et de baladins, et séchait bien vite les habits trempés par les jets d’arrosage qui marquaient l’imminence du repas. Pour n’avoir pas voulu chanter, il eut été dommage de ne pas suivre un petit lapin, vibrer sur un air d’accordéon, rire des aventures de l’ours, remonter les Champs Elysées ou encore louer le Seigneur en nigérien.
Je revois cet enfant, devenu adolescent, jouant du synthé, une lampe d’explorateur fixée au front, une table branlante devant lui sur laquelle était posé l’instrument de musique.
 
Le temps est passé, de la première des Saint-Jean à la plus bath des Saint-Jean, et Pierrot, Jeannot, Guy et Magpie et leurs amis, ces grands voyageurs, nous en ont fait voir de toutes les couleurs, du Congo au Népal, de l’Inde au Niger. Le feu, chaque année, est comme hanté par ces souvenirs de voyages, et nous emmène en ballade. Un feu de joie qui égaye et réchauffe, synonyme de gaieté et de convivialité, et non pas qui désole et ravage. Un feu ami des hommes, qui nous fascine et garde son mystère.
Les enfants d’hier ont grandi, sont devenus des hommes. Certains d’entre nous depuis sont partis vers l’autre rive, tandis que de nouvelles générations sont apparues. Il y aura toujours des enfants courant entre les tables, s’amusant et riant. Il y aura toujours des feux de la Saint-Jean, il y aura toujours un feu de la Saint Roch. Alors je crois qu’on peut remercier ceux qui ont initié ces si belles soirées. Merci pour cette part de rêve que vous nous offrez, pour ce feu qui rend belle la vie.
 
Steph, Saint Jean 2004
 

Publié dans Les textes de Steph

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